Distinguer une Recherche réellement Participative d’une Recherche qui implique des personnes non scientifiques sans les faire réellement participer

Il est essentiel de faire la distinction entre d’une part la recherche scientifique impliquant des personnes non scientifiques en tant que sources d’informations, et d’autre part une recherche véritablement participative dans laquelle ces personnes sont intégrées à toutes les étapes du processus. Cette distinction repose sur des différences fondamentales en termes d’objectifs, d’approches, de responsabilités, de pouvoir, de valeurs et d’impact, et s’en ressort une mise en pratique tout à fait différente. Voici une explication plus détaillée de ces deux types de recherche et de leur importance.


Il existe la possibilité de distinguer plusieurs formes concrètes de mise en oeuvre de Science avec et pour la société.

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Vulgarisation Scientifique (CCSTI)
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Education aux Sciences
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Sciences Citoyennes
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Sciences Participatives
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Recherche Participative

Toutefois, si on se concentre uniquement sur la volonté de mener une Recherche qui soit réellement Participative, non seulement il sera nécessaire que la Recherche soit réelle et pose une véritable question scientifique (sans quoi le projet pourrait être participatif mais ne serait pas une Recherche pour autant), mais en plus il sera tout aussi problématique que l’organisation de ce projet ne soit pas réellement participatif.

Cet article s’intéresse à ce dernier point, et liste ici une série de critères sur lesquels il est possible de distinguer d’une part une véritable recherche, qui implique les personnes non-scientifiques mais qui n’est PAS pour autant une Recherche Participative, et d’autre part une véritable recherche qui implique les personnes non-scientifiques sur suffisamment d’espaces et de suffisamment de manières, pour en faire une Recherche véritablement Participative.

Les distinguo qui suivent partent donc du cas d’une véritable Recherche scientifique, et se concentrent uniquement sur les niveaux de participation.

Objectifs

Dans une recherche scientifique impliquant des non-scientifiques sous la forme de sources d’informations ou de feed-back et étude de solutions, l’objectif principal est généralement de collecter des données ou des informations à partir de ces personnes pour alimenter une étude scientifique. Bien qu’ils soient présents partout dans le descriptif du projet de recherche, les personnes non-scientifiques jouent un rôle passif en fournissant des données, mais ils ne sont pas impliqués dans la conception de l’étude, dans l’analyse des données, dans la remise en cause des hypothèses ou dans la prise de décisions importantes.

En revanche, dans la recherche participative, l’objectif est de créer un partenariat équitable entre les chercheurs et les non-scientifiques, de sorte que ces derniers participent activement à la définition des questions de recherche, à la collecte et à l’analyse des données, ainsi qu’à la communication des résultats. L’objectif est de renforcer l’autonomie et la capacité des non-scientifiques à s’engager dans un processus de recherche collaboratif.

Approches

Dans une recherche scientifique traditionnelle, les chercheurs définissent généralement le cadre de recherche, les méthodes, et les objectifs, tandis que les non-scientifiques sont sollicités pour fournir des informations ou des données selon les besoins des chercheurs. Cette approche est souvent appelée « science dirigée par les chercheurs ».

La recherche participative, en revanche, repose sur une approche « dirigée par la communauté » ou « dirigée par les participants ». Les non-scientifiques sont activement impliqués dans la conception de la recherche, la collecte et l’interprétation des données, et la prise de décisions. Les chercheurs agissent en tant que facilitateurs plutôt qu’en tant que directeurs.

Responsabilités

Dans une recherche traditionnelle, les chercheurs assument la majeure partie de la responsabilité en ce qui concerne la qualité et la validité des résultats. Les non-scientifiques sont davantage considérés comme des informateurs, voire des testeurs.

Dans une recherche participative, la responsabilité est partagée entre les chercheurs et les non-scientifiques. Les non-scientifiques sont co-responsables de la conception, de la mise en œuvre et de l’interprétation de la recherche. Cette approche favorise une plus grande transparence et une meilleure responsabilité mutuelle.

Pouvoir

Dans la recherche traditionnelle, les chercheurs détiennent le pouvoir de décision en ce qui concerne la sélection des questions de recherche, des méthodes et de la communication des résultats. Les non-scientifiques ont un rôle subalterne.

La recherche participative vise à redistribuer le pouvoir, en reconnaissant que les non-scientifiques ont une expertise précieuse et une connaissance profonde de leur propre réalité. Les décisions sont prises conjointement, et le processus est plus équitable.

Valeurs et éthique

La recherche scientifique traditionnelle peut parfois être critiquée pour son manque de sensibilité aux besoins et aux préoccupations des communautés étudiées, ce qui soulève des questions éthiques.

La recherche participative repose sur des principes d’équité, de respect, de justice et de partenariat. Elle reconnaît la valeur intrinsèque des connaissances locales et de l’expertise des non-scientifiques. Toutefois, cette approche ne suffit pas pour rendre automatiquement une Recherche participative, car une approche de recherche traditionnelle, qui serait respectueuse des sujets de la recherche, ne serait pas pour autant participative. Pour cela il faudra se référer aux autres points précédemment décrits.

Impact

La recherche traditionnelle peut parfois être perçue comme imposée de l’extérieur, avec un impact potentiellement limité sur les bénéficiaires.

La recherche participative a le potentiel d’avoir un impact plus significatif sur les communautés impliquées, car elle vise à répondre à leurs besoins et à renforcer leur capacité à s’engager dans le processus de recherche, la solution proposée venant d’eux. De plus, cela ouvre un fort potentiel d’apprentissage et d’éducation au passage, car ce type de recherche met les non-scientifiques apprenant, en situation de Community Based Learning.

Conclusion

En résumé, il est essentiel de ne pas confondre une recherche scientifique traditionnelle qui implique des non-scientifiques en tant que sources d’informations avec une recherche véritablement participative dans laquelle ces personnes sont des partenaires actifs.

La recherche participative vise à créer des partenariats équitables, à redistribuer le pouvoir, à valoriser l’expertise locale, et à avoir un impact positif sur les communautés impliquées. Elle repose sur des valeurs d’équité, de respect et de justice, et elle offre un potentiel d’amélioration significative de la recherche et de ses résultats.

Pour aller plus loin dans cette direction, il existe la possibilité par exemple de participer aux Comités Citoyens et Comités Stratégiques des Projets de Recherche Participative ou de Sciences Participatives de l’ONG Objectif Sciences International ou d’autres organismes avant-gardistes. N’hésitez pas à vous renseigner toujours le plus en avance afin de pouvoir participer à ces colloques ou à ces réunions. En effet, la logique poussée à son aboutissement préconise que les réunions de comités de filières soient naturellement impliquante pour les non scientifiques, comme pour les scientifiques issus d’autres domaines, ce qui vous permet, quel que soit votre rôle (chercheur, élu local, facilitateur d’ONG, employé d’une instance de l’ONU, membre d’un gouvernement...) d’accéder à d’autres modèles de pratiques que vous pourrez tester et... sur lequels vous pourrez également innover à votre tour.